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    HOMELIE DU LANCEMENT DE L’ANNEE PASTORALE 2024-2025

    « En ce temps-là, Jésus sortit de Capharnaüm et vit, en passant, un homme du nom de Matthieu, assis à son bureau de collecteur d’impots. Il lui dit : « Suis-moi. L’homme se leva et le suivit » (Mt 9,9).

    Chers frères et sœurs.

    Rassemblés en Eglise, une Eglise synodale, ouvrons les oreilles de nos cœurs à la parole de Dieu, pour entendre « ce que l’Esprit dit aux Eglises » (Ap 2, 7.11.17). Les textes de la liturgie de la fête de saint Matthieu se rejoignent. Tous sont centrés sur les dons que le Christ fait à la communauté des croyants.

    L’évangile de Matthieu a trait à l’appel d’un collecteur d’impôts. Cet appel met Jésus en mouvement vers les périphéries :

    « Jésus sortit de Capharnaüm » pouvons nous lire, dès le premier verset du texte proposé à notre méditation. Cette sortie de Jésus de Capharnaüm, sans indication de destination, n’est pas sans signification. Nous savons que Capharnaüm est l’un des lieux où Jésus a le plus proclamé la bonne nouvelle. Dans la synagogue de cette ville, il a parlé avec autorité ; il a chassé les esprits impurs ; il a guéri des malades innombrables. Pourtant, Capharnaüm est l’une des trois villes maudites par Jésus : « Et toi, Capharnaüm, crois-tu que tu seras élevée jusqu’au ciel ? Jusqu'à l'Hadès tu descendras. Car si les miracles qui avaient eu lieu chez toi avaient eu lieu à Sodome, elle subsisterait encore aujourd’hui. Aussi bien, je vous le dis, pour le pays de Sodome il y aura moins de rigueur, au jour du jugement, que pour toi» (Mt 11, 23-24). Capharnaüm, bien que bénéficiaire privilégiée des signes et prodiges de Jésus, resta fermée à la bonne nouvelle.

    Jésus sortit donc de Capharnaüm des pharisiens et du pharisaïsme. Dans sa sortie, il passa devant le bureau d’un publicain nommé Matthieu ; le publicain était un collecteur d’impôts. Matthieu faisait donc partie de la classe des gens étiquetés « pécheurs » et traités comme tels. Avec les prostituées, ils étaient tenus à distance, à l’écart comme des personnes impures, infréquentables. Jésus sortit de Capharnaüm et s’arrêta à son bureau, l’appela à sa suite, puis entra chez lui, mangea un repas préparé certainement avec l’argent aux origines douteuses, en présence, pas de quelques publicains, mais de nombreux autres publicains. Quel scandale ! N’est-il pas scandaleux de manger avec des pécheurs, réputés malhonnêtes, corrompus, voleurs ? Autant Jésus a en haine le péché, autant il se fait l’ami et le médecin des pécheurs. Il a en abomination le péché, il se fait proche du pécheur pour en faire son disciple, bien mieux son apôtre, son missionnaire, son envoyé. Laissant les justes dans la synagogue avec leur suffisance et certitude, Jésus rejoignit les pécheurs pour vivre avec eux son projet de construction de son Eglise, son corps mystique. Le pécheur Matthieu fut, avec les autres apôtres, un don de Jésus de Nazareth à son Eglise.

    Saint Paul l'a si bien compris qu’il le rappela aux Ephésiens :

    « Les dons (que le Christ) a faits, ce sont d’abord les Apôtres, et aussi les prophètes, les évangélisateurs, les pasteurs et ceux qui enseignent. De cette manière, les fidèles sont organisés pour que les tâches du ministère soient accomplies et que se construise le corps du Christ, jusqu'à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité

    dans la foi et la pleine connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l'homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude » (Eph 4,11-13 ; cf 1Co 12, 28-30). Le don des apôtres, des prophètes, des évangélisateurs et des enseignants, entre dans un projet d'organisation du Corps du Christ. Jésus n’a pas voulu laisser ses fidèles à la merci des loups voraces et des traîtres (cf Ac 20, 29-30), dans une dangereuse anarchie qui aurait fait de l’Eglise une association quelconque sans lendemain.

    Pour Paul, l’organisation de l’Eglise advient pour un meilleur service, un meilleur ministère, et ce ministère est tourné vers la construction du corps du Christ, et la construction du Corps du Christ est, elle-même, tournée vers l’annonce de l’Evangile, bonne nouvelle du salut, salut total, salut éternel.

    Chers frères et sœurs.

    En ce jour où nous célébrons saint Matthieu, ce collecteur d’impôts, homme des périphéries devenu disciple, apôtre, évangéliste, ouvrons nos cœurs à la dimension du cœur de Jésus de Nazareth, l’ami des marginaux. Qu’il nous envoie vivre et annoncer, partout, à tous, la bonne nouvelle, la miséricorde. Cette

    mission d’annonce de la bonne nouvelle à tous, nous voulons, parce que nous devons, la vivre comme Eglise, Eglise synodale. Au sein de cette Eglise, il y a l’évêque, successeur des apôtres, pris d entre les prêtres ; il y a les prêtres, collaborateurs de l’évêque, dans le sacerdoce, pris d’entre les laïcs ; il y a les diacres, membres du clergé , il y a les consacrés, hommes et femmes, tous, comme les clercs, pris parmi les laïcs, membres du saint peuple de Dieu. Dans cette Eglise, évêque, prêtres, diacres, consacrés et laïcs sont appelés à marcher ensemble, à collaborer dans un esprit de communion, à s'impliquer réellement, chacun selon sa vocation propre et au nom de son baptême, dans la construction du règne de Dieu. C’est là le sens de la synodalité, caractéristique essentielle de l’Eglise de Jésus-

    Christ, que nous sommes appelés à incarner dans le concret de notre vie.

    Cette Eglise, et cela doit être souligné de trois traits, n’est pas dans la rue, vivant la mission dans une cacophonie destructrice ; cette Eglise n’est pas une anarchie, au sein de laquelle l’on va dans tous les sens, comme un navire sans gouvernail, balloté par les vents contraires, et poussé vers une destination inconnue ; cette Eglise n’est pas une « domination de Mammon », au sein de laquelle Mammon d’iniquité fait rage et ravage tout sur son passage ; cette Eglise n’est pas un centre commercial où la grâce de Dieu se vend au plus offrant ; cette Eglise n’est pas une assemblée des prophètes de Baal, au sein de laquelle le ridicule le dispute au bruit, dans la recherche du sensationnel préfabriqué et prêt à porter, au sein de laquelle les miracles sont affichés et font l’objet de publicités malsaines totalement en contradiction avec l’enseignement et l'agir du Maître.

    L Eglise est organisée, cela est indéniable, non pour dormir sur ses lauriers, mais plutôt pour construire le Corps du Christ, jusqu’à ce qu’il atteigne la stature du Christ dans sa plénitude. En marche vers l’éternité où son maître l’a précédée, l’Eglise, Corps du Christ, se veut une Eglise synodale, au sein de laquelle tous marchent ensemble, au sein de laquelle se vit la communion, une Eglise qui retrousse ses manches pour une véritable sortie missionnaire. Cette Eglise devra sortir de Capharnaüm, de sa sécurité, vers les périphéries des collecteurs d’impôts modernes, non pas les yeux brillants attirés par leurs richesses pour s’y abîmer et s’y corrompre, mais préoccupée par leur salut, pour en faire des disciples, et même, des apôtres, à l’image de Matthieu. Cette Eglise devra sortir de Capharnaüm de sa sécurité pour aller vers les périphéries où gisent les malades affamés de sacrements pour guérir leurs âmes et leurs corps. Cette Eglise devra sortir de Capharnaüm de sa sécurité pour aller vers les périphéries où gisent les pauvres sans foi ni loi, sans éducation ni chaleur, sans nourriture ni vêtements.

    Chers frères et sœurs.

    Les périphéries de notre pays ont besoin d’une Eglise qui vit ce qu’elle est, la synodalité. Vivons l’Eglise synodale! Vivons la communion, au sein de laquelle, chacun a et prend sa place, participe à l’unique mission ! Vivons l’Eglise synodale, au sein de laquelle, tous s’écoutent et discernent, ensemble, ce que l’Esprit dit aux Eglises, à notre Eglise d’Abidjan ! Vivons l’Eglise synodale, au sein de laquelle, les croyants n’ont qu’un seul cœur et qu’une seule âme ! Vivons l’Eglise synodale, une Eglise organisée et qui s’organise encore mieux, pour qu’en son sein, personne, alors personne, vraiment personne ne soit oublié, laissé pour compte et dans le besoin. Ainsi elle pourra être une Eglise synodale, au sein de laquelle la communion et la participation ouvre à un meilleur service du monde, de notre pays qui a besoin de l’union des cœurs.

    Que saint Paul, apôtre des Nations et de la synodalité (cf Ga 3, 27-28) intercède pour nous.

    A M E N !


    Publié le: lundi 23 septembre 2024

    Source: Diocèse d'Abidjan