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    SESSION DE FORMATION DES PRETRES D’ABIDJAN SUR LA SYNODALITE

    Comment être concrètement une église synodale en mission ?


    Bientôt la reprise de la Nouvelle Année 2024/2025, avec pour thème « VIVONS L'EGLISE SYNODALE ». Après la rencontre de formation avec les religieux et religieuses le vendredi 06 septembre 2024 et les laïcs le samedi 07 septembre 2024, les prêtres leur ont emboité le pas avec une formation en trois(3) vagues au Centre Sainte Thérèse de Bingerville.

    Le reporter du site internet a participé à la formation de la troisième (3) vague, qui s’est tenue du 15 septembre au 19 septembre 2024.

    Le programme était le suivant :

    Ø Première session : 1er - 05 septembre 2024
    Ø Deuxième session : 8 -12 septembre 2024
    Ø Troisième session : 15 - 19 septembre 2024
    Ce lundi 16 septembre après la messe et le petit déjeuner tous les participants se sont retrouvés à la chapelle pour entendre les experts requis à cet effet,  leur donner à tour de Rôle leur enseignement. Il s’agit dans la chronologie des pères :

    1-    Patrice SIALLOU Konan, Recteur du séminaire Paul VI, docteur en théologie Fondamentale

    2-    Ambroise MANDAH, doyen de la faculté de théologie à l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest – Unité Universitaire d’Abidjan ; docteur en histoire de l’Église

    3-    Adrien ESSOH, docteur en théologie dogmatique, professeur à l’ACAO-UUA

    4-    Vincent Kouakou N’ZEBO, curé de Saint Paul les Lauriers, docteur en droit canonique

    5-    Alphonse Badjo EBOUE, curé de Cœur immaculée de Marie cité Forest, docteur en théologie spirituelle.

     

    Après les enseignements, les prêtres, en plusieurs groupes se sont retrouvés en carrefour pour réfléchir à un questionnaire.

    À 16h, revenus à la chapelle chaque rapporteur des différents groupes a donné le contenu des réflexions de son entité.

    Ceci s’est poursuivi durant les trois jours de la formation.

    Sept (7) prêtres participants ont été élus pour faire partie du Conseil de gestion de péréquation du diocèse.


    Père Jean-Baptiste DIAHOU



    FORMATION DIOCESE D’ABIDJAN SUR LA SYNODALITE

     Le pape François a convoqué une première session du synode sur la synodalité pour 2023. Les premières assises synodales se sont tenues à Rome du 4 au 29 octobre 2023. Cette session a été précédée d’une période de préparation et de participation de tout le peuple de Dieu. Des questions anciennes ont surgit avant et pendant les travaux de ce synode. Il s’agit en autres de l’ordination des femmes, du mariage de prêtres et de la communion des divorcés remariés, qui semblaient prendre le devant dans la réflexion d’une véritable marche synodale.

    La question générale de fond qui pousse et guide toute l’Eglise est la suivante : Comment se réalise aujourd’hui, à différents niveaux ce “marcher ensemble” qui permet à l’Église d’annoncer l’Évangile, conformément à la mission qui lui a été confiée ; et quels pas de plus l’Esprit nous invite-t-il à poser pour grandir comme Église synodale ?

    Je voudrais rappeler que c’est au concile Vatican II que l’Eglise est passée d’un modèle pyramidale à une ecclésiologie de communion. La question de la marche ensemble dans l’Eglise n’est donc pas nouvelle.

    Pour mettre en application la communion, la mission et la participation, Mgr YAGO, dès son retour du concile, convoque un synode diocésain. Dans le premier acte, se dégage la théologie de l’Église locale et celle de la mission. Le document qui est sorti du synode a retenu les points suivants : 1- Document d’orientation pour l’Église d’Abidjan 2- Evangélisation et catéchèse; ministère des catéchistes ; Église et développement et action sociale et caritative 3- Les structures de gouvernement : le conseil presbytéral et le conseil pastoral.

    La présente session de formation s’inscrit dans la ligne d’une ecclésiologie de communion, de la mission et de la participation. Comment faire en sorte que le peuple de Dieu tout entier devienne le sujet responsable de la vie de l’Eglise ? 

    Il s’agit pour l’Eglise universelle en générale et celle d’Abidjan en particulier d’animer l’Église de l’esprit de l’Evangile, donner des orientations pastorales adaptées à notre situation et donner énergie à nos institutions de communion et collaboration.

      La communion: Théologiquement la communion que nous partageons (au niveau des structures de gouvernement, mouvements, associations, familles et communautés paroissiales) trouve ses racines les plus profondes dans l’amour et l’unité de la Trinité. C’est le Christ qui nous réconcilie avec le Père et nous unit les uns aux autres dans l’Esprit Saint. Nous avons tous un rôle à jouer pour discerner et vivre l’appel de Dieu pour son peuple.

    C’est au sein du Peuple de Dieu, fruit du mystère de Dieu que se vivent et s’expérimentent la communion, la participation et la mission. S’il existe une entité qui reflète et rend visible cette communion du peuple de Dieu, c’est bien la paroisse.

    Il ressort clairement que la communion paroissiale s’enracine dans la Trinité. C’est ce cadre trinitaire qui est tracé en Lumen Gentium 2 à 4. C’est la communion trinitaire qui se déploie dans la fondation de l’Eglise comme communion. La communion trinitaire est vecue par un peuple, le Peuple de Dieu  sur la paroisse qui dans la diversité de ses composante, réalise l’œuvre de la Trinité dans le monde. La communion paroissiale est fondée sur l’amour trinitaire. En retour, la paroisse réalise l’œuvre d’amour et de communion de la trinité.

    La quête de la communion doit être un impératif pour l’Église afin de témoigner du Dieu trinitaire de qui vient la vraie communion. Pour renforcer la prise de parole de tous et par tous, l’on pourrait créer des cadres d’échanges et former à l’écoute. En outre, une plus grande disponibilité et accessibilité des pasteurs et des responsables des groupes de prières et mouvements, et des associations pourrait y contribuer.

    En insistant sur la marche synodale, nous sommes invités à ne pas considérer l'Église seulement dans son commencement historique mais aussi dans sa construction permanente par le don incessant de l'Esprit. C'est signifier qu'elle demeure initiative du Père, Corps du Christ, création de l'Esprit Saint. La communion est un modèle à promouvoir.

    La communion rappelle l'initiative absolue du Père qui met le comble à son amour pour les hommes en livrant son Fils (Rm 8,32). Le Fils envoie conjointement l'Esprit et les Douze pour diffuser l'Évangile dans toutes les nations et rassembler le Peuple de la Nouvelle Alliance. Dans le modèle communion, l’Église est reconnue comme « une réalité commune qui appartient à tous, bien plus, dépasse tous ses membres» 

    La communion rappelle, à son tour, que l'Église est également, ici et maintenant, une création de l'Esprit qui fait des hommes de toutes langues et races un «nous» solidaire. Le ministère apostolique prend place dans l'ensemble du corps ecclésial parmi d'autres ministères et services. C'est parce que l'Église se reçoit comme un «mystère» de communion et d'envoi qu'il y a des ministères.

    La communauté paroissiale doit se manifester comme véritable communion et non comme agrégat de baptisés. Véritable communauté veut dire : des baptisés réunis dans la charité de l’Esprit, capables de dire leur foi, et aptes, ensemble, à découvrir les besoins de leur monde et à y répondre dans un véritable esprit de service fraternel et universel. Dans cette union de charité et de service, elle révélera celui qui la réalise en elle: Jésus-Christ, et elle sera alors capable de traduire le message évangélique aux autres. La communion signifie le refus de s’enfermer sur soi, mais demeurer à la fois ouvert aux autres communautés et aux personnes en attente de la lumière du Christ. La communion signifie trouver continuellement le ressourcement de sa foi, de son espérance ou de sa charité dans une célébration de la messe où règnent pardon, entente et échanges La véritable communauté diocésaine, qui trouve sa cohésion dans l’évêque, ne peut être que le fruit de la cohésion de communautés plus petites et plus proches des communautés naturelles, telles que les paroisses, les ethnies, le quartier, les milieux socio professionnels. Mais cette communion dans la communauté paroissiale ne sera vraie et visible qu’à certaines conditions. C’est cela qui nous ouvre au second point du synode sur la synodalité : la participation.

     

       La participation  

    La communion ne sera vraie et visible dans la communauté diocésaine et paroissiale qu’à certaines conditions. Le pape en indique les principales : la participation et la mission. C’est cela qui nous ouvre au second point du synode sur la synodalité : la participation.

    Nous avons souligné hier que la communion surtout celle paroissiale prenait racine dans l’amour trinitaire. Que la trinité soit la source de la communion ecclésiale, cela signifie que chaque personne de la trinité intervient directement dans sa fondation, son organisation, sa marche vers la plénitude. La trinité qui est la source, participe à la communion en s’associant les hommes. Puisque que nous participons à la nature divine par les sacrements, les chrétiens deviennent des partners avec Dieu de la marche du peuple de Dieu.

    La participation est la mise en œuvre de notre dignité baptismale. C’est la filiation à la vie divine par Jésus Christ qui nous pousse à poursuivre l’œuvre du Christ dans le monde. La participation implique donc tous les fils du Dieu Père dans l’avènement du règne de Dieu. C’est notre engagement au sein de l’unique peuple de Dieu. Cette participation qui va de pair avec la communion pousse chaque membre du peuple de Dieu- laics, consacrés et ministres ordonnés- à s’engager pour la mission ; à faire de tous les hommes, les disciples du Christ.

      La participation: un appel à l’implication de tous ceux qui appartiennent au Peuple de Dieu -laïcs, consacrés et ordonnés- à s’engager dans l’exercice d’une écoute profonde et respectueuse les uns des autres. Cette écoute crée un espace pour que nous puissions entendre ensemble l’Esprit Saint, et guide nos aspirations pour l’Église d’avenir. La participation se fonde sur le fait que tous les fidèles sont qualifiés et appelés à se servir mutuellement grâce aux dons que chacun a reçus de l’Esprit Saint. Dans une Église synodale, toute la communauté, dans la libre et riche diversité de ses membres, est appelée à prier, écouter, analyser, dialoguer, discerner et donner son avis pour prendre des décisions pastorales qui correspondent le plus possible à la volonté de Dieu (CTI, Syn., 67-68).

    Selon REPOLE Roberto : 

    « Agir de manière synodale, c’est donc agir dans un esprit de participation et de coresponsabilité. C’est faire appel à la collaboration de tous les membres de la communauté: hommes et femmes. C'est mettre en œuvre la participation de tous et de toutes à travers un processus de concertation, d'échange et de recherche de consensus, ainsi que la participation active aux délibérations et aux décisions. C'est favoriser la responsabilité partagée dans un projet commun, c'est aussi former à la gestion participative, à la prise en charge des affaires et du gouvernement de l'Église locale selon la diversité des charismes et des fonctions. » [1]

    Le concept de synodalité se réfère donc à l’implication et à la participation de tous les baptisés dans la vie et la mission de l’Église. Selon Charles Marie Guillet : «Il n’y aura pas de vraie coresponsabilité tant que le peuple de Dieu (au sein du diocèse et de la paroisse), ne trouvera sa place dans la structuration de l’Eglise, avec le pouvoir spirituel qui est celui du peuple sacerdotal. Si l’on identifie ce peuple aux laïcs, on pose les ministres ordonné face à lui. Or la relation d’interdépendance entre le peuple et les ministres doit se vivre à l’intérieur du peuple. Le seul vis-à-vis de la communauté diocésaine et paroissiale est le Christ, le ressuscité dans la puissance de l’Esprit Saint. »[2]

    Depuis le Concile Vatican II, notre Eglise s’est inscrite immédiatement dans le dynamisme ecclésiologique de Vatican II. Les conseils pastoraux font partie des innovations qui ont profondément modifié la vie des paroisses dans notre Église diocésaine invitant les uns et les autres à penser le gouvernement de notre Église diocésaine, à partir de l’initiative de la communauté et du nécessaire dialogue entre celle-ci et les ministres ordonnés qui président à sa vie. C’est ainsi que dans les diocèses et paroisses, existent ces structures de communion et de collaboration voulue par le Concile Vatican II (Conseils pastoraux, presbytéraux, synodes diocésains). Aussi imparfaites et limitées qu’elles puissent être, ces structures peuvent devenir de véritables lieux d’engagement pour toutes les personnes baptisées qui souhaitent, dans la perspective du synode sur la synodalité, contribuer à l’inculturation de la foi, au discernement des « signes des temps » et au dialogue critique entre l’Église et le monde. Par conséquent, il est du devoir et de la responsabilité des personnes baptisées de prendre une part active au service de la vie et de la communion entre les membres de la communauté. Ensemble nous sommes responsables du type d’Église que nous voulons avoir. Ensemble nous sommes responsables de ce que l’Église fait ou ne fait pas dans ce monde.

    Insister sur le thème de l’Eglise synodale, c’est encore offrir une possibilité de sortir d’une juxtaposition – parfois vécue comme une opposition- entre clercs et laïcs et c’est appeler tous les membres du peuple de Dieu à prendre conscience de leurs responsabilités.

    Les structures classiques de participation ont besoin de plus de visibilité et d’élargissement.

    20 à 40 des fidèles qui viennent à la messe ne sont pas du territoire paroissial. Qu’est-ce que j’entends par élargissement ? Aujourd’hui, on ne peut plus continuer à compter uniquement sur les membres du conseil pastoral et économique. Il faut une large consultation discrète des fidèles, de ceux qui ne parlent jamais. Pour moi, dans un diocèse comme Abidjan, pour une meilleure participation, certaines questions doivent être traitées pas les aumôniers au niveau des mouvements, associations, familles, communautés nouvelles. La paroisse à Abidjan présente un nouveau visage et il faudra tenir compte de cette configuration dans la participation et la mission.

    La responsabilité ne sera effective que si nos communautés sont animées par des responsables choisis et formés. Le choix et la formation nous conduisent à la seconde condition de la communion qui est la mission. Nous l’aborderons demain au 3ème jour de cette session de formation.

     

     La mission: L’Eglise existe pour évangéliser. Ce processus synodal a une dimension profondément missionnaire. Il vise à permettre à l’Église de mieux témoigner de l’Évangile, en particulier auprès de ceux qui vivent aux périphéries spirituelles, sociales, économiques, politiques, géographiques et existentielles de notre monde. De cette façon, la synodalité est un chemin par lequel l’Église peut remplir plus fructueusement sa mission d’évangélisation dans le monde, comme un levain au service de la venue du royaume de Dieu. 

    Selon le pape Jean Paul II : «Il n’y a pas de formule magique. Ce n'est pas une formule qui nous sauvera, mais une Personne. Il ne s'agit pas alors d'inventer un «nouveau programme». Le programme existe déjà: c'est celui de toujours, tiré de l'Évangile et de la Tradition vivante. Il est centré, en dernière analyse, sur le Christ lui-même, qu'il faut connaître, aimer et imiter. C'est un programme qui ne change pas avec la variation des temps et des cultures, même s'il tient compte du temps et de la culture pour un dialogue vrai et une communication efficace.»[3]

    Pour être fidèle à sa mission, l’Église doit ‘‘scruter de façon adaptée les signes des temps et les interpréter à la lumière de l’Evangile’’. Or, le signe des temps pour l’Église d’Abidjan, est le phénomène d’urbanisation qui touche aussi bien la ville que les villages, la recherche de l’argent et du plaisir, le manque de conscience pastorale et professionnelle. C’est à ce monde, non seulement dans son « présent » immédiat, mais en tant qu’il marche déjà vers l’avenir, que l’Église d’Abidjan doit annoncer l’Évangile.

    Le monde à évangéliser dans le diocèse est donc vaste et varié. Nous devons annoncer l’évangile aux non-chrétiens, mais aussi reprendre notre action auprès de beaucoup de baptisés qui ne sont pas vraiment « évangélisés » ou bien qui ont perdu ou oublié la grâce de cette première annonce de la foi. J’apprécie à ce propos, l’apostolat des légionnaires. La paroisse doit pouvoir accompagner ou se servir de cette méthode missionnaire.

    L’effort de l’Église d’Abidjan ne sera cohérent et efficace que s’il est total et mobilise toutes les forces vives du diocèse : personnes et moyens. C’est pourquoi, tout ce qui se fait: catéchèse, prédication, liturgie, enseignement, action apostolique ou temporelle des chrétiens tout va porter la marque du souci de l’évangélisation.

    Il faut comprendre aussi la mission comme «plantatio ecclesiae » c’est-à-dire implantation d’une Église particulière, d’une Église autonome qui assume véritablement la vie, les besoins et la culture d’un peuple. Partout où sont apparues de nouvelles Églises, sont sortis aussi de nouveaux chrétiens. La configuration a changé avec l’évolution d’Abidjan. Aujourd’hui ce sont les chrétiens qui nous devancent et il faudra répondre par la construction des édifices religieux.

    Pour réussir la mission dans la marche synodale, il faut avoir le courage d’utiliser le réseau paroissial apportant toute la richesse et la diversité. C’est dans ce réseau, que nous manifestons notre devoir de solidarité et de fraternité. Ce qui signifie pour les pasteurs et pour les laïcs, de soigner la qualité des relations entre paroissiens. Les fidèles ne fréquentent pas la paroisse, simplement comme bénéficiaire de l'amour et du service offerts par l'Eglise, mais aussi comme sujet actif et responsable de la mission et de l’apostolat.

              Dans la marche synodale, il ne faut pas oublier le village et les paroisses rurales qui ont une organisation spatiale et sociopolitique remarquable. Malgré les crises et conflits, des éléments de valeur se dégagent au niveau du patrimoine culturel villageois. Il s’agit de la cohésion, de la solidarité et de l’autonomie. On ne peut s’intéresser au devenir des communautés chrétiennes sans s’intéresser au devenir des communautés humaines qui les précèdent. Il y a ici une corrélation évidente mais qu’on pourrait trop facilement oublier derrière les préoccupations ou des urgences d’ordre institutionnel. Vouloir sauver ou même renouveler une organisation paroissiale pour elle-même, sans tenir compte de ce qui se passe dans les villages conduirait à une impasse. Sans se confondre avec le monde, l’Eglise s’y enracine et doit contribuer à sa transformation.

    Le pape Jean-Paul II lance un défi aujourd'hui, un défi qui consiste à rejeter un mode de vie qui ne correspond pas au meilleur de vos traditions locales et de votre foi chrétienne. Beaucoup de personnes en Afrique portent leur regard, au-delà de l'Afrique, vers la soi-disant liberté du mode de vie moderne. Aujourd'hui je vous recommande vivement de regarder en vous-mêmes. Regardez les richesses de vos propres traditions, regardez la foi que nous célébrons dans cette assemblée ». (EA 48) La paroisse rurale est le lieu par excellence d’une inculturation de l’Evangile et de l’Eglise.

    Aux premières heures de l’évangélisation les tournées pastorales ont fortement contribué au rapprochement des missionnaires et du peuple chrétien. Pourquoi avoir abandonné les vraies tournées pastorales dans les paroisses rurales, semi rurales et urbaines ?  Le ministre qui a fait corps avec les paroisses rurales aura sans aucun doute une attention particulière dans la conduite pastorale quand il se retrouvera en paroisse urbaine.

    En conclusion, Communion, participation et mission, ne sont pas des paradigmes à séparer et isolés l’un de l’autre. Il s’agit d’une Eglise missionnaire qui engage tous ses fils. Nous participons à la filiation du Fils de Dieu qui nous envoie en mission. Cependant, que tous le sachent, leur premier et leur plus important devoir pour la diffusion de la foi, c’est de vivre profondément leur vie chrétienne.




    Session diocésaine sur la synodalité.

    Thème de l’année Pastorale : Vivons la synodalité

    2-     Participation

    Entre ce que nous avons dit hier sur la communion, et ce que nous entendons partager sur la participation il y a comme une corrélation évidente.

    En effet, la communion dans l’Église synodale, c’est-à-dire la vive conscience qu’ont les chrétiens de se sentir membre d’un unique corps dont le Christ est la tête (Cf.1 Co 12,12 ; Col 1,18) ou les sarments rattachés à la vigne qui les vivifie tous de la même sève, (Jn 15,5 ), cette communion dis-je, n’est pas une soucoupe volante qui plane indifféremment sur nos têtes. Elle n’est pas un simple idéal à rechercher ou à atteindre, mais elle a plutôt une répercussion historique, qui la rend tangible et expressive.

    En somme la participation est l’expression pratique et manifeste de la communion. C’est sa manifestation extérieure. Si à travers la communion chaque membre compte, parce que conscient que chacun est un constituant à part entière du peuple, nonobstant sa condition, de sexe ou de fonction, dans la participation synodale, tout le monde donc à son mot à dire, tout le monde à quelque chose à faire.

    Je m’attèle maintenant à présenter deux formes de participation quasiment identique, tirées du livre des Actes. La participation dans le premier texte Ac 6,1-7 est initiée par la hiérarchie (les apôtres) quand la deuxième, elle est l’initiative d’une communauté chrétienne (Antioche) qui mandate deux de ses membres (Paul et Barnabé).

    Texte 1 : Ac 6,1-7

    « En ces jours-là, comme le nombre des disciples augmentait, il y eut des murmures chez les Hellénistes contre les Hébreux. Dans le service quotidien, disaient-ils, on négligeait leurs veuves. Les Douze convoquèrent alors l'assemblée des disciples et leur dirent: "Il ne sied pas que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables. Cherchez plutôt parmi vous, frères, sept hommes de bonne réputation, remplis de l'Esprit et de sagesse, et nous les préposerons à cet office; quant à nous, nous resterons assidus à la prière et au service de la parole." La proposition plut à toute l'assemblée, et l'on choisit Etienne, homme rempli de foi et de l'Esprit Saint, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, prosélyte d'Antioche. On les présenta aux apôtres et, après avoir prié, ils leur imposèrent les mains. Et la parole du Seigneur croissait; le nombre des disciples augmentait considérablement à Jérusalem, et une multitude de prêtres obéissaient à la foi ». Ac 6, 1-7

    L’épisode de Ac 6,1-6 décline les étapes qui peuvent être celles d’un d’une participation synodale visible à travers les déductions suivantes.

    1-     Si l’Église est un corps, il va sans dire qu’elle est une structure vivante, sujette au dynamisme, aux mutations, et au contradictions internes, comme elle est aussi ouverte aux perspectives d’avenir. Savoir identifier tous ces éléments, est le premier pas de toute participation.  

    2-     Le deuxième pas de la participation suivant la trame du texte lu, c’est la question de la hiérarchie. En effet, même si tous dans l’Église synodale ont quelque chose à dire ou à faire, et sont tous au même niveau de dignité baptismale, la hiérarchie n’est pas pour autant niée. Elle est exigée comme signe sacramentel du Christ au milieu de son peuple. Elle est exigée non comme la manifestation d’une autorité ou d’un pouvoir à faire valoir ou prévaloir, mais comme une institution au service de l’ensemble. C’est à elle qu’il revient en premier de convoquer de rassembler, d’appeler : « Les Douze convoquèrent alors l'assemblée des disciples » Ac 6,2.

    3-     Troisième pas : Définir clairement son domaine de compétence, c’est-à-dire prendre conscience de ce don on est capable et permettre aux autres de s’exprimer. La reconnaissance ou la définition de son propre domaine de compétence est une invitation implicite lancée aux autres pour saisir la part d’action qui est la leur : Les douze définissent ainsi leur compétence ou capacité ainsi : « Il ne sied pas que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables »( Ac 6,2). Ensuite ils délèguent, ou font participer les autres à travers cette invitation : « Cherchez plutôt parmi vous, frères, sept hommes de bonne réputation (…) et nous les préposerons à cet office » (Ac 6,3).  

    4-      L’exposition du projet ou de la question à résoudre avec proposition de solution : Choisir sept hommes ayant les dispositions humaines morales « de bonne réputation » et de spirituelles « remplis de l’Esprit de sagesse ». La participation requiert des acteurs une certaine compétence mise en exergue par le discernement de la communauté.

    5-      La ratification ou l’approbation de l’assemblée : La proposition à besoin pour être active de l’assentiment de la communauté. C’est elle qui use son sensus fidei fidelium pour apprécier et ratifier la proposition.

    6-     La réalisation du projet avec participation active de l’assemblée à travers le choix des sept diacres. Les personnes choisies sont présentées nominalement par le narrateur pour traduire leur parfaite intégration dans la communauté qui se reconnait en elles. La participation n’est pas de l’activisme stérile, elle présuppose une forte communion des membres.

    7-      Le retour à la hiérarchie : Les sept sont par de fait choisis et présentés à nouveau à la hiérarchie les apôtres, qui par l’imposition des mains les consacrent définitivement à cette tâche. La participation n’est pas un acte isolé de chaque acteur, ou le fruit d’actions juxtaposées ou concurrentes, mais plutôt concourantes pour l’édification de l’unique Corps du Christ qui est l’Église. « De même, en effet, que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, en dépit de leur pluralité, ne forment qu'un seul corps, ainsi en est-il du Christ » 1Co 12,12.

    Nous avons ici un modèle de participation impulsée par la hiérarchie en direction de l’assemblée

    Texte 2 : Ac 15,1-33 L’assemblée de Jérusalem paradigme de synodalité 

    On retrouve au moyen âge,un précepteappliqué dans le gouvernement de l’Église par le Pape Innocent III (1198-1216) etqui remonterait à une loi civile de l’empereur Justinien: « Quod omnes tangit ab omnibus tractari et approbari debet ». Ce qui signifie : « Ce qui concerne tout le monde, doit être discuté et approuvé par tous »[4]. 

    Ce qui s’est déroulé en Ac 15 avait déjà anticipé sur ce principe. Le récit de Actes 15,1-33 que les historiens qualifient de concile de Jérusalem est considéré comme « la figure paradigmatique des synodes célébrés dans l’Église »[5]. L’évènement de l’assemblée de Jérusalem, part d’une controverse liée à l’intégration des chrétiens d’origine grecque dans la communauté chrétienne naissante.

    Depuis la méthode avec laquelle le problème est posé, jusqu’à sa résolution, le processus entier montre que pour le bien de l’Église et de sa mission, tous sont acteurs, même si les rôles et les implications sont divers.  La décision finale qui sera portée par Jacques le chef de l’Église de Jérusalem, est le reflet de la participation de la communauté dans ces différentes compositions : « Alors les apôtres et les anciens, d'accord avec l'Église tout entière… » (Ac 15, 22).

    De quoi s’agit-il ? L’évènement a lieu après le premier voyage missionnaire de Paul. Une question surgit à l’intérieure de l’Église. Certains chrétiens d’origine juive, voudraient imposer aux nouveaux convertis la circoncision et l’observance des lois mosaïques (Ac 15,1.5), tandis que Paul et Barnabé sont d’avis contraire. L’Église d’Antioche qui partage entièrement la position de Paul et Barnabé, les envoie comme représentants officiels pour une consultation auprès de l’Église de Jérusalem (15,2).

    Les deux envoyés sont accueillis par la communauté de Jérusalem. Celle-ci se réunit immédiatement autour des apôtres et des anciens (15,4) pour examiner la situation. C’est un exercice d’écoute bien ordonné. C’est dans l’écoute que la communion se consolide, que la participation s’harmonise et devient fructueuse. A juste titre écrit Bruno Chenu exégète Français, « le 1er organe prophétique c’est l’oreille ». En effet il n’y pas de langue de disciple sans préalablement une oreille de disciple. L’enfant écoute avant de parler.

    Dans cette dynamique d’écoute, La parole est d’abord donnée à Paul et Barnabé qui exposent la situation. On assiste ensuite à une discussion animée et ouverte (ἐκζητήσωσιν : 15,7a). Ici encore, le recours à la voix de la hiérarchie est déterminant et appréciable dans les témoignages autorisés de Pierre et de Jacques.  On note aussi la participation constante de toute l’Église de Jérusalem durant le déroulement de la réunion.

    Le règlement de la controverse qui amène à l’assemblée de Jérusalem est un cas d’école pour une assemblée synodale. Cette rencontre met en lumière de façon dynamique et vivante, le cheminent que suit le Peuple de Dieu. C’est un chemin dicté par l’Esprit Saint qui met tous et chacun en marche vers une plus grande adhésion au Christ. C’est une marche où les diversités sont accueillies comme richesse pour parvenir à la construction de l’unique corps du Christ. Le chemin synodal se présente comme une réalité ordonnée et articulée dans laquelle chacun a une position et un rôle spécifique comme le montre l’ecclésiologie paulinienne. (cf. 1 Co 12,12-17 ; Rm 12,4-5 ; Ep 4,4). La métaphore somatique ou du corps que l’on trouve dans la lettre aux Corinthiens (1Co12), montre clairement qu’une participation fructueuse du corps ecclésial ne peut se faire au détriment de certaines parties. C’est la prise en compte de tous les membres, qui garantie au corps tout entier son harmonie.

    Nous touchons ici la dimension structurée de l’Eglise peuple convoqué. La multiplicité des charismes et des ministères n’entame en rien l’unité de l’ekklesia. Mais au contraire, elle révèle la richesse de la diversité des dons de l’Esprit Saint et sa généreuse liberté déployée en tous.

    Conclusion

    Pour une participation qui rende compte d’une communion réussie, il faut éviter deux pièges : le sécularisme et Le cléricalisme. Je voudrais ici me faire le relais des propos du cardinal Sarah dans son œuvre Pour l’éternité : Méditations sur la figure du prêtre. Regardant le sécularisme il écrit et je cite :

    L’Esprit du monde s’infiltre dans l’Église. Or l’Esprit du monde est tissé de peur, de jalousie, de mensonge, de l’attrait des richesses matérielles et le désir de dominations. On a vu germer les rivalités et les luttes de pouvoir. C’est probablement cela que désignait Saint Paul VI en parlant des fumées de Satan dans l’Église. J’en vois une des manifestations les plus terribles dans les rivalités entre les états de vies.  Les clercs jalousent le caractère séculier des laïcs, ils les imitent servilement dans leur habillement, renonçant à la soutane. Ils se mettent à vouloir investir l’action politique qui est le champ propre du laïcat. Beaucoup publie des textes, non pas sur la Parole de Dieu, mais sur la démocratie, la bonne gouvernance, la justice et la paix sur l’écologie.  De même les laïcs jalousent les clercs. Ils veulent les imiter, présider les liturgies, gouverner les paroisses, prêcher durant la liturgie dominicale… Je crois que l’on a dans l’Église l’idée destructrice selon laquelle chaque charge, chaque état de vie est avant tout un pouvoir ou un droit [6].

    Concernant le cléricalisme le même cardinal écrit : « Le cléricalisme est une attitude qui transforme un état de vie, un ministère ou une charge en propriété privée et en marchepied pour un égo complexé. Le Pape François nomme cela l’autoréférentialité.  Alors que chaque état de vie est une forme de référence spécifique au mystère du Christ et d’identification à un aspect de ce mystère, le cléricalisme s’approprie les missions qu’ils confèrent et en fait un instrument de pouvoir»[7].

    Pour avoir le pouvoir, quelque fois il suffit de savoir user de malice, de duplicité et de délation. Mais pour servir, l’amour seul suffit. La participation est un exercice de charité pour le bien de tous, pour le bien de l’Église.


    P. SIALLOU Konan Patrice




    Session diocésaine sur la synodalité.

    Thème de l’année Pastorale : Vivons la synodalité

    3-    Mission

    La communion, —— « afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous»­ Jn 17,21——, est au fondement de l’Église synodale, c’est son trait le plus caractéristique. Elle est rendue manifeste par la participation de tous, c’est-à-dire l’intérêt et l’implication de tous et de chacun à la prospérité et à l’édification du Corps du Christ, l’Église.

    Cependant, une Église communion, une Église participative, uniquement recroquevillée sur elle-même qui évoluerait en vase-clos, structurée et pensée pour sa vie ad intra, s’étiolerait et apparaitrait comme un contre sens flagrant, contraire à la volonté du maitre et Seigneur qui a donné mandat missionnaire en disant : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit» Mt 28, 19-20.

    Il apparait donc que la communauté ecclésiale se rassemble et se constitue dans le but essentiel d’annoncer l’Évangile. Sans cela elle perdrait son identité profonde, le signe de sa présence au monde. C’est ce que dit et affirme d’ailleurs le Pape Paul VI dans l’exhortation apostolique Evangelii nutiandi « Nous voulons confirmer une fois de plus que la tâche d’évangéliser tous les hommes constitue la mission essentielle de l’Église tâche et mission que les mutations vastes et profondes de la société actuelle ne rendent que plus urgentes. Évangéliser est, en effet, la grâce et la vocation propre de l’Église, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéliser, c’est-à-dire pour prêcher et enseigner, être le canal du don de la grâce, réconcilier les pécheurs avec Dieu, perpétuer le sacrifice du christ dans la sainte messe, qui est le mémorial de sa mort et de sa résurrection glorieuse. »[8].

    Comme nous le voyons, le dernier membre de la trilogie synodale, est comme disent les anglophones, « the last but not the least » (le dernier et non le moindre). En effet, la mission est l’acte par lequel est rendue concrète la permanence de la présence historique du Christ et de l’Église dans le monde. Autrement dit la mission est témoignage, attestation historique de ce nous professons dans la foi.

    Ce matin donc je m’attellerai dans un premier à montrer ce qui fonde la mission, à travers 2 versets clés, Mt 28,19-20 et Jn 10,16. Dans un second temps, j’indiquerai furtivement quelques lieux de la mission et je conclurai avec une exhortation du Pape François sur l’Église en sortie.

    1-    Qu’est qui fonde la mission ?

    Le premier missionnaire et le modèle du missionnaire c’est Jésus lui-même. D’ailleurs voici comment lui-même entrevoit sa mission : « Mais il leur dit: "Aux autres villes aussi il me faut annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, car c'est pour cela que j'ai été envoyé." ». Lc 4, 43. La mission de Jésus consiste essentiellement en l’annonce du règne de Dieu, qui passe par la conversion des cœurs (mission accompagnée de signes) . La mission découle de l’appel, de la consécration. Jésus lui-même n’en fait pas exception.  Dans l’évangile de Lc (Lc3,22) c’est seulement après le baptême que la mission de Jésus elle-même commence, son ministère public qui court de la Galilée à Jérusalem.

    En réalité Personne ne s’envoie en mission. La mission nait de la consécration qui apparait comme le mandat. En ecclésiologie au grand Séminaire le professeur Georges Oka nous parlait du Binôme inséparable consécration mission.

    (1) La mission est fondée sur le mandat du Christ : « « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde.» Mt 28, 19-20.

    a)- la mission est avant tout un impératif et un mouvement, ou mieux un mouvement impératif :. La mission est une nécessité urgente de partir, de sortir c’est sortir de chez soi pour oser la rencontre avec les autres. La mission est rencontre échange, dialogue et écoute.

    b) elle a un contenu un objet : Faire des disciples dans le baptême trinitaire, c’est-à-dire faire des convertis, insérer davantage d’hommes et de femmes au Christ et à son monde de valeur. Ce contenu n’est pas à inventer ou à réinventer, sinon les méthodes qui doivent être actualisées tenant compte des époques et des cultures, de sorte à favoriser une adhésion authentique.

    C) La présence permanente du Christ. Si le contenu de la mission c’est l’annonce Jésus Christ, Jésus est lui-même le sujet de la mission, c’est lui qui la conduit par l’action de l’Esprit.

    2) La mission est nécessité par le souci de rassemblement. La mission est suscitée ou provoquée par le souci de réunir tout le troupeau autour du Chrsit en vue de faire une proposition de salut et de conversion : « J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi, il faut que je les mène; elles écouteront ma voix; et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur » Jn 10,16.

    a) La mission suppose que les évangélisateurs eux-mêmes soient suffisamment évangélisés. Une Église évangélisatrice dira Paul VI est une Église évangélisée.  Les brebis dans l’enclos pour qui doit être proposée une mission ad intra.. Ici y va de la crédibilité des missionnaires. Devenir non seuleument le sujet de l’annonce, mais assumer dans un témoignage authentique le contenu de l’annonce.

    b) La mission est nécessaire car toutes les brebis ne sont pas dans l’enclos. Jésus à l’image du bon berger, ne fait pas de différence entre les brebis dans l’enclos et celle hors de l’enclos. Toutes ont besoin d’entendre sa voix qui est la symphonie agréable qui leur permet de trouver leur chemin, c’est-à-dire les conduisant vers les verts pâturages. On comprend bien la parabole de la brebis égarée (Cf Lc 15,4-7). Le rapport du berger aux brebis, n’est ni géographique, ni associatif ou quantitatif, mais ontologique, vitale. Chaque brebis est une partie entière et irremplaçable de l’être du berger.

    2-    Lieux de la mission

    En plus des lieux traditionnels de la mission ad intra que sont, la prédication, la catéchèse où la célébration des sacrements, qu’il nous faut revisiter et actualiser et éviter de les tenir pour acquis, je voudrais m’attarder sur un locus qui me semble important dans notre élan missionnaire : La célébration des funérailles. S’il y a une réalité où tous les hommes sont unanimement concernés c’est la mort car elle touche tous sans distinction de race, de religion ou de sexe.

    Les funérailles sont les lieux de rassemblements hétéroclites, où il nous est possible de faire des propositions de salut et de conversion à beaucoup de personnes, qui n’ont pas encore fait de choix religieux, où qui en sont éloignés pour diverses raisons. La qualité et le soin avec lequel nous préparerons ces moments, associés à une présence compatissante et priante peut à mon sens favoriser la réintégration dans l’enclos de certaines brebis égarées.

    Quand à la mission ad extra au risque d’être taxé de faire du prosélytisme, elle peut s’intensifier dans les œuvres sociales, comme les ateliers d’écoute de jeunes de tout genre, l’école, la santé et la caritas, qui traduisent la dimension sociale de l’Église. A cela, le bon usage des réseaux sociaux sont un atout indéniable pour toucher un grand nombre indistinct de personnes pour échange, partage de réflexion afin de donner à notre monde un visage plus humain. Plus le monde est davantage humain, plus facilement sera sa divinisation.

    En un mot, la mission dans l’élan synodale nous invite, pour employer l’expression chère au Pape à être une Église en sortie. Et c’est avec lui que je voudrais conclure. 

    Sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ. Je répète ici pour toute l’Église ce que j’ai dit de nombreuses fois aux prêtres et laïcs de Buenos Aires: je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités. Je ne veux pas une Église préoccupée d’être le centre et qui finit renfermée dans un enchevêtrement de fixations et de procédures. Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus- Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie. Plus que la peur de se tromper j’espère que nous anime la peur de nous renfermer dans les structures qui nous donnent une fausse protection, dans les normes qui nous transforment en juges implacables, dans les habitudes où nous nous sentons tranquilles, alors que, dehors, il y a une multitude affamée, et Jésus qui nous répète sans arrêt : « Donnez-leur vous-mêmes à manger» (Mc 6, 37).[9]

     A travers la mission le contenu de foi devient vie, dialogue rencontre et écoute.

                                                  P. Siallou Konan Patrice


    [1]Roberto REPOLE, Eglise synodale et démocratie, Quelles institutions ecclésiales pour aujourd’hui, Ed jésuites, Namur, 2016.

    [2]Charles-Marie Guillet, L’Eglise, Paris, Le Centurion, 1988, pp 98-99

    [3] Jean-Paul II,  Lettre apostolique  Novo millennio ineunte, Mediaspaul, Montréal 2001.

    [4] Yves M.-J. Congar, Revue Historique de droit français et étranger, 1922-) Quatrième série, Vol. 35 (1958), pp. 210-259 (50 pages), Dalloz.

    [5] Commission Theologique Internationale, La synodalité dans la vie et dans la mission de l’Église (2 mars 2018), n° 20.

    [6] R. Sarah (Card.), Pour l’éternité :  Méditations sur la figure du prêtre, 103-104.

    [7]  R. Sarah (Card.), Pour l’éternité :  Méditations sur la figure du prêtre, 107.

    [8]  Paul VI (Pp), Evangelii Nutiandi. Exhortation apostolique sur l’évangélisation dans le monde moderne, n°14.

    [9]  Francois (Pp), Exhortation apostolique Evangelii Gaudium sur l’annonce de l’Evangile dans le monde d’aujourd’hui, n°49.


    Publié le: lundi 23 septembre 2024

    Source: Diocèse d'Abidjan